Profiter de sa terrasse sans entraves malgré l’âge, c’est possible ! Grâce à des aménagements bien pensés (rampe, sol régulier, etc.) et aux dispositifs d’aides en vigueur, on retrouve l’accès à sa « pièce en plus » en toute sécurité. Cueillons (au jardin) les fruits de l’accessibilité !
Rester vivre chez soi de façon autonome et en sécurité est une demande croissante dans notre société. Figurant au cœur de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement de 2016, cette question du maintien à domicile des personnes âgées recoupe les préoccupations en faveur des personnes en situation de handicap énoncées par la loi n° 2005-102 du 11 février 2005, dite « loi pour l’accessibilité ». En effet, les questions de mobilité y jouent un rôle essentiel, notamment dans la sphère domestique. Dans le cas de l’accès à une terrasse ou à un jardin, on peut jouer sur deux tableaux simultanément pour continuer à en savourer l’agrément : supprimer ce qui peut faire obstacle, ajouter ce qui peut aider.
Ôter les obstacles
Parce que la mobilité d’une personne âgée est en général diminuée, le passage doit être exempt d’embûches afin de supprimer le risque de chute si elle se déplace avec canne, béquille ou déambulateur, et facilité dans l’hypothèse où elle circule en fauteuil roulant. Commencez donc par proscrire les graviers, source d’instabilité évidente, mais aussi le sable, la terre trop meuble (susceptible de former des ornières) ou de se détremper en cas de pluies abondantes. La pluie transformant en patinoire les dalles lisses de marbre, on les évitera autant que le « tout gazon », lui aussi glissant. À l’automne, on veillera à ce que les arbres alentour n’encombrent pas le passage avec les feuilles mortes, également dangereuses sous le pied.
En résumé : il faut ménager un cheminement extérieur stable et qui ne fasse pas obstacle à la roue selon les termes de la réglementation. Le revêtement adéquat se trouvera donc parmi le carrelage en grès cérame rugueux antidérapant, la dalle gravillonnée, le béton brut, le pavé autobloquant, l’enrobé, etc.
Ouvrir le passage
La loi de 2005 précédemment citée a eu une incidence considérable sur la construction immobilière neuve. En effet, depuis le 1er janvier 2008, chaque maison individuelle faisant l’objet d’une demande de permis de construire doit permettre le passage, au moyen d’un aménagement simple, d’une personne en fauteuil roulant à sa terrasse par au moins un accès si celle-ci est située au niveau d’une pièce de vie (Art. R111-18-6 du code de la construction et de l’habitation). Cette règle est également valable pour un balcon ou une loggia, et s’applique à partir du moment où la profondeur est supérieure à 0,60 m et s’assortit d’une condition supplémentaire : la largeur minimale de la porte ou porte-fenêtre permettant l’accès doit être de 0,80 m. Dans les logements plus anciens, il faut donc procéder à des travaux pour élargir à cette taille réglementaire.
Adoucir la transition
Le passage entre l’intérieur et l’extérieur doit se faire avec le moins de heurts possibles, la configuration idéale étant le plain-pied. Mais là encore, sur les constructions antérieures à 2008, des écarts parfois importants existent qui entravent la circulation des fauteuils. Jusqu’à 2 cm avec le seuil de la menuiserie, on fait preuve de tolérance en recommandant toutefois d’adapter un ressaut à bord arrondi ; si celui-ci est à bord oblique avec une pente inférieure à 33 %, on admet même jusqu’à 4 cm. Au-delà et jusqu’à 20 cm, il n’y a pas d’autres solutions que l’installation d’une rampe amovible (la pente sera ici de 6 %), voire d’un élévateur.
Des escaliers sous condition
Dans le cas de difficultés ambulatoires modérées, on peut opter pour la conservation de petits escaliers, à condition là encore de les aménager : la hauteur des marches ne peut excéder 16,5 cm, leur nez doit être équipé d’un revêtement antidérapant, arrondi et rendu visible (contrastant par rapport à la couleur des marches) ; enfin, une main courante (rampe garde-corps) de 90 cm doit être installée de chaque côté pour assurer l’appui. Bien entendu, un éclairage homogène du passage garantit un cheminement sans zone d’ombre.
Rendre confortable
Dernier point, non des moindres : faire du jardin ou de la terrasse une vraie pièce d’agrément extérieure incitant la personne âgée à s’y rendre pour en savourer tous les bienfaits. On accroît l’attractivité de cet espace en le dotant par exemple d’un mobilier adéquat et ergonomique (table, banc, parasol…) ou encore d’un jardin surélevé contribuant à l’embellissement, mais surtout au maintien d’une activité régulière et à la lutte contre la sédentarité.
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Peut-il y avoir une prise en charge des travaux ?
Afin d’inciter à la mise en œuvre de certains aménagements, le législateur a débloqué des enveloppes et subventions, attribuées suivant différents critères (âge, conditions de ressources, montants des travaux, etc.), auxquels s’ajoutent des dispositifs d’aides locaux (via les collectivités territoriales) ou sociaux (votre Caisse régionale d’assurance retraite, l’ANAH…) tous recensés par l’ANIL.
Les propriétaires, voire les locataires qui entreprennent des travaux d’adaptation visant à accéder plus aisément à leur jardin peuvent-ils également bénéficier de crédits d’impôts ? La pose « d’équipements de sécurité et d’accessibilité attachés à perpétuelle demeure », tels qu’une rampe fixe, un plan incliné, une rampe, entre normalement dans ce champ selon le Bulletin officiel des Finances Publiques (mais il y a évidemment un plafond). Dans tous les cas, on recommande de se rapprocher de son centre des impôts pour faire le point sur sa situation.