Le jardin-forêt, intitulé aussi forêt comestible ou forêt nourricière, est un écosystème forestier mélangeant arbres, plantes grimpantes, légumes annuels ou bisannuels ou encore plantes aromatiques. L’objectif du jardin-forêt étant de tendre vers une autosuffisance alimentaire.

Combinant les principes de la permaculture et de l’agroforesterie, le jardin-forêt permet de transformer n’importe quel bout de terrain en jardin comestible luxuriant, esthétique et durable.

Commencer un jardin-forêt

En permaculture, l’idée est d’imiter la nature et ses modèles. Pour réussir votre projet, la première étape consiste à analyser votre terrain. Il convient ainsi d’observer son exposition, ses zones d’ombres causées par les éléments naturels ou les constructions. Vous devez ensuite examiner la nature du sol et vous rendre compte si le terrain est protégé du vent ou encore de déterminer les vents dominants. Enfin, outre le relief de votre espace végétalisé, vous devez observer la pluviométrie et savoir comment l’eau s’écoule sur le terrain. En milieu urbain, il faut également vous renseigner sur les réglementations en vigueur, notamment concernant le Plan local d’urbanisme (PLU) afin de vous prémunir de tout litige.

Les sept strates de la forêt nourricière

Si le principe de la forêt nourricière est ancré depuis des temps immémoriaux dans les zones tropicales et semi-tropicales, en Europe, le Britannique Robert Hart a transposé et développé le concept dans les années 1960 en établissant sept strates : la canopée contient les grands arbres comme les aulnes, les acacias, les chênes, etc. L’arborée basse comprend les petits arbres fruitiers (pommiers, pruniers…) et les espèces pionnières comme le bouleau. La strate arbustive désigne les végétaux ligneux comme les arbustes à noix (noisetiers ou amandiers), les petits fruits (groseilliers, cassissiers…). La couche herbacée contient les légumes et les herbes vivaces. La couche des couvre-sols est composée de plantes comestibles qui se propagent horizontalement à l’instar des fraisiers ou de la menthe. La rhizosphère indique les plantes cultivées pour leurs racines et leur tubercule comme le topinambour ou le poireau perpétuel. Enfin, la strate verticale désigne les plantes grimpantes comme la vigne.

Dessiner son jardin

Avant de songer à planter, il est vivement conseillé de dessiner un plan de son projet. Cela permet d’avoir une approche en 3D des étages de votre jardin-forêt. En fonction des essences choisies, de la taille de votre terrain, le design reste un bon moyen de conceptualiser l’ensemble. C’est lors de cette étape que vous allez définir le nombre de strates à mettre en place. Pour ne pas commettre d’erreurs, il est recommandé de demander les conseils d’un pépiniériste afin de bien mettre à profit l’orientation du lieu, la qualité du sol, l’altitude, l’irrigation naturelle ou la position des végétaux. Par exemple, les arbres destinés à prendre de la hauteur et du volume sont plantés au nord pour ne pas priver les autres de l’ensoleillement dans le jardin.

Faites les bonnes associations de plantes

En fonction de la région et du lieu de votre habitation, il convient de sélectionner les essences qui vont peupler votre forêt comestible. Certaines plantes vont fixer l’azote. D’autres vont attirer les pollinisateurs. Et des espèces repousseront les insectes ravageurs. L’enjeu consiste à connaître ces différentes propriétés et associations afin de copier l’écosystème naturel où les cohabitations et l’entraide se font seules.

La préparation du terrain

Selon la nature de votre sol – et à moins d’avoir une terre très riche – il vous faudra certainement l’amender avant de pouvoir planter votre jardin-forêt. Pour permettre le bon enracinement des jeunes plants, deux actes sont indispensables : mettre du paillage (aussi appelé mulch) constitué de feuilles mortes, tontes d’herbe, d’engrais verts (moutarde, trèfle, vesce, etc.). Cette matière organique va se transformer en humus grâce aux organismes vivants dans le sol. Ensuite, il convient de ne pas retourner la terre pour ne pas perturber la vie des micro-organismes et de l’écosystème du sol.

Planter votre forêt nourricière

Sous nos climats tempérés, il est essentiel de laisser passer la lumière même si de nombreux légumes et plantes vivaces supportent très bien la mi-ombre. Les arbres sont en général plantés en premier. Ensuite, appliquez le principe de la succession inversée : d’abord, les plus grands végétaux et on descend. Les grimpantes peuvent être intégrées assez rapidement avec les fixateurs d’azote qui sont très vigoureux. Suivez donc, selon ces principes, l’ordre suivant de plantation : arbres, arbrisseaux, grimpantes, arbustes, plantes herbacées, tubercules et couvre-sols. Un conseil : choisissez des jeunes arbres. En plus d’être moins chers à l’achat, ils s’adapteront plus aisément au terrain que les grands sujets.

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