Riche de potentialités et d’authenticité, la présence d’une grange sur son terrain peut susciter des emballements, mais aussi des déconvenues ! Pour exaucer ses promesses, quelques précautions lors de son aménagement ou de sa construction sont à prévoir. Mode d’emploi.
La possession d’une vieille grange sur son terrain constitue le Graal pour beaucoup de néoruraux… et leurs architectes. Car à l’intérieur de ces immenses bâtisses souvent séculaires, tout (ou presque) est possible et surtout la conjugaison du cachet de l’ancien avec le confort de la modernité, de l’authenticité et de l’atypique. Mais pour accéder au bonheur chaque jour renouvelé d’investir dans une grange (voire, d’y vivre), il faut avoir conscience de quelques contraintes initiales.
Une grange sur son terrain : quelques inconvénients pour commencer
Que vous disposiez déjà de l’édifice ou que vous désiriez le construire, vous devez savoir que sa vocation première est d’être un bâtiment agricole – donc destiné à un usage professionnel (stockage de grain, de foin, matériels et matériaux divers). Aussi, si votre projet vise à augmenter votre surface habitable à l’occasion d’une rénovation, il faudra que la requalification soit réalisable d’un point de vue pratique et légal. Avant toute opération, consultez un plan local d’urbanisme (PLU) à jour pour vous assurer que des contraintes environnementales ou locales spécifiques ne s’appliquent pas : proximité d’un monument historique, arrêté municipal restreignant les constructions ou imposant des règles d’homogénéité. Il arrive hélas parfois que certains propriétaires découvrent sur le cadastre que leur grange a été érigée naguère sans autorisation préalable par les précédents occupants.
Par sécurité
Que vous souhaitiez la conserver pour la valoriser ou vous en débarrasser, faites-vous guider par un architecte. Cela peut sembler un coût… en réalité, il s’agit d’un investissement et d’économies futures car son regard de professionnel sera utile pour détecter toute fragilité rédhibitoire dans le bâti (charpente, toiture, fondations, etc.) rendant votre projet incertain. Il saura aussi vous épauler dans le maquis du parcours administratif ou vous accompagner dans des suggestions d’aménagement en harmonie avec votre budget. Surtout lorsque l’on sait qu’un permis de construire est obligatoire quand des travaux sur une construction existante entraînent la création de plus de 20 m² d’emprise au sol (ou de surface de plancher) et que tout bâtiment ayant une emprise au sol supérieure à 150 m2 requiert l’intervention d’un architecte.
Démolir ou construire ?
La question de la démolition d’une grange peut en effet se poser. D’abord, parce que sa vétusté rend toute réhabilitation hasardeuse et coûteuse – mieux vaut en ce cas en réaliser une autre – ; ensuite, parce qu’une grange mal placée sur une parcelle peut aussi s’avérer un obstacle à l’aménagement global de votre terrain (construction d’une piscine, d’un jardin paysager, dégagement de la vue, etc.). Dans ce cas, vous devrez peut-être obtenir un permis de démolir. Il est exigible si votre commune l’a instauré, et présente des restrictions similaires avec celles énoncées par un permis de construire. À noter : les communes de plus 3 500 habitants devront proposer au 1er janvier 2022 la dématérialisation des demandes de permis de construire.
Des avantages à la pelle pour continuer !
Atout propre à la grange (mais commun à tous les bâtiments à vocation professionnelle ou industrielle revisités) : l’espace intérieur, donc la hauteur sous toit. Avec 6, 8 ou 10 m voire davantage – parfois sans plancher intermédiaire -, vous avez le luxe de créer les volumes que vous souhaitez pour en faire un espace de vie supplémentaire, de travail, de réception, de stockage ; mais aussi un garage, un atelier de bricolage ou de création, voire tout cela à la fois ! Sa destination conditionne en tout cas l’aménagement extérieur : un bâtiment d’habitation se parera de grandes baies vitrées pour faire entrer la lumière à volonté (et induira une architecture semi-contemporaine) ; une grange conservée dans son jus, donc à vocation d’annexe, imposera un aménagement plus rustique dans le ton de celles des alentours, valorisant les matériaux bruts et rappelant dans sa décoration sa vocation utilitaire première : outils de ferme anciens, chinés et restaurés ; suspension de bouquets de maïs séché ou de paniers de fleurs sont autant d’éléments conférant une touche d’éternité authentique à votre grange.
Quels matériaux pour bâtir sa grange ?
Si la commune ne vous impose aucun cahier des charges, il n’est cependant pas défendu de s’inspirer des bâtisses traditionnelles de la région ! Au-delà du souci d’harmonie visuelle, leur architecture et les matériaux dont elles sont faites répondent à des critères aussi pratiques qu’esthétiques. Bois, pierre, voire pisé (terre crue) témoignent à la fois d’un savoir-faire local, de la disponibilité des ressources, mais aussi d’une adéquation avec les conditions climatiques : chaque matériau possède des caractéristiques d’isolation et/ou d’étanchéité spécifiques : il ne viendrait à personne d’imiter le style méditerranéen dans les montagnes exposées à de fortes chutes de neige !
Quel budget pour construire sa grange ?
Il faut compter entre 500 et 2 000 €/m2 (voire davantage pour un projet d’exception), auxquels il convient d’ajouter les frais inhérents à l’éventuelle viabilisation : de 3 000 à 15 000 €. La facture pouvant sembler élevée, le recours à des experts s’impose comme toujours, ainsi que l’étude de devis concurrentiels. Des aides sont aussi parfois disponibles en cas d’éco-rénovation. À noter : selon l’importance de sa mission (son implication du début jusqu’à la fin des travaux), les honoraires de l’architecte peuvent aller de 2 à 12,5 % du projet.