Dans les métiers où les corps sont mis à rude épreuve, les exosquelettes peuvent être une véritable aide. Comment fonctionne cette assistance robotique et à qui s’adresse-t-elle ?
L’exosquelette est une structure externe qui vise à préserver l’intégrité physique de l’homme tout au long de sa journée et… de sa carrière. Grâce à cette robotique collaborative, les artisans, les salariés d’entreprises de BTP, de construction peuvent continuer à effectuer leurs tâches avec moins de difficultés. Bienvenue dans le futur !
L’homme possède un endosquelette, c’est-à-dire une structure interne qui lui permet de se tenir et de se mouvoir. Les invertébrés, quant à eux, sont dotés d’une carapace ou d’une coquille pour assurer leur protection et leur permettre de porter jusqu’à 50 fois leur poids ! À bien y regarder, l’humain a toujours fait appel à des exosquelettes pour se protéger : notamment, les soldats en utilisant des armures et des boucliers. Grâce à la technologie, on a poussé l’expérimentation un peu plus loin. L’exosquelette a été théorisé dans les années 1970 par les Américains pour faire un « homme augmenté » dans une logique militaire. C’est d’ailleurs un fantasme qui a toujours peuplé la science-fiction. On pense immédiatement à Alien, Star Wars, Iron Man ou encore Matrix. Mais la science-fiction n’est jamais très éloignée de la vie réelle. Les scientifiques et les ingénieurs ont permis de faire de ce fantasme une réalité au service des travailleurs et des artisans grâce à des robots d’assistance.
Comment ça marche ?
« Il y a deux types d’exosquelette. Les exosquelettes actifs. On amène une motorisation. Et les exosquelettes passifs. Cela peut être une combinaison avec des élastiques extérieurs qui aident les muscles et la colonne vertébrale à répartir la force de manière plus diffuse pour protéger les lombaires et le squelette », détaille Marc Maranzana, fondateur de My Living Bloom.
La société Colas, leader de la construction routière, fait appel à cette technologie depuis une dizaine d’années. Ainsi, l’ExoPUSH permet d’améliorer la posture de l’humain, de répartir l’effort et de démultiplier la poussée de l’opérateur grâce à une jambe de force.
« Globalement, on ne reprend pas les charges sur la colonne vertébrale de l’humain ; c’est un élément extérieur qui va déplacer le poids de la charge vers le sol pour éviter des déplacements de vertèbres », explique Marc Maranzana. L’ExoBACK, quant à lui, est dédié aux charges dorsales. « Il permet de soulever une charge et de soulager le dos ; cela permet d’enlever entre 40 et 50 % des efforts au niveau des lombaires. On l’enfile, on appuie sur un bouton et il se lance. On peut mettre plus ou moins de puissance ».
À qui s’adresse l’exosquelette ?
Pour Marc Maranzana, « on utilise la robotique collaborative pour aider l’homme, pour décupler ses capacités ou pour l’aider à ne pas se mettre en danger musculaire ». Aussi, les exosquelettes sont-ils utiles dans tous les métiers où il faut soulever des charges lourdes, effectuer des tâches répétitives, travailler dans des postures contraignantes. Cela peut être les métiers de la construction, l’agroalimentaire, l’agriculture, la manutention. Ou même les métiers de paysage puisque le jardinage, le débroussaillage, l’élagage peuvent – à la longue – abîmer les muscles et le squelette. L’exosquelette peut aussi amener d’autres personnes à travailler sur d’importants chantiers : par exemple, celles qui ont des capacités physiques un peu moins développées ou les femmes qui, par ailleurs, commencent à arriver dans les métiers du BTP.
L’exosquelette n’a pas vocation à remplacer l’humain
La peur de la machine qui remplace l’homme existe… mais dans le cas de la robotique collaborative, elle n’est pas justifiée. En effet, le « cobot » ne peut jamais fonctionner sans l’humain et l’exosquelette n’a pas vocation à remplacer l’effort de l’homme. Qu’importe la famille d’exosquelettes, ils doivent être au service de l’humain ! On met l’homme à l’intérieur de la machine, c’est lui qui la commande. L’appareil sert à lever les charges et décupler la force de la personne. Comme l’explique Marc Maranzana, « un cobot ne fonctionne qu’avec les intentions de l’humain et l’humain a la capacité de s’adapter à toutes les situations. L’exosquelette, c’est de l’assistance. Il faut imaginer une direction assistée, le volant ne tourne pas si on n’a pas décidé de tourner ». D’ailleurs, l’une des difficultés en matière de construction d’exosquelette, c’est de faire cohabiter le robot et l’homme, car la structure mécanique entoure l’individu, il doit être obligatoirement en réaction instantanée entre l’action mentale et l’action mécanique ; et il ne faut pas qu’il y ait un décalage entre l’intention et l’action. « Si la structure peut soulever une tonne, elle a aussi la puissance d’arracher un bras. Il faut donc veiller à préserver l’intégrité de l’humain ».
L’exosquelette va-t-il se démocratiser ?
Si certaines entreprises, comme Colas, travaillent avec des exosquelettes depuis une dizaine d’années, ce n’est pas encore une technologie très répandue. Pour des raisons de prix notamment. Un exosquelette coûte environ 10 000 euros. Toutefois, il faut penser que c’est un investissement et surtout, « il faut que les caisses d’assurance-maladie comprennent qu’elles ont un intérêt à protéger les employés. Elles doivent imposer aux entreprises d’utiliser ces outils pour que les gens qui passent temporairement dans les métiers difficiles ne soient pas impactés ». Mais pour Marc Maranzana, ce n’est qu’une question de temps avant que l’exosquelette soit de plus en plus présent. Et une question de mentalité, mais également de génération. Il faut imaginer l’exosquelette comme la direction assistée. Elle a été adoptée par tous et on n’imagine pas conduire sans elle, aujourd’hui. Sans doute, ce sera la même chose pour l’exosquelette.
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