Et si, de simple consommateur, vous deveniez producteur d’électricité – verte, de surcroît – dans votre jardin ? Moulin à eau, éolienne, panneaux solaires… il existe de nombreux moyens de tendre à l’autosuffisance énergétique chez soi, voire d’en tirer quelque profit.
Qu’elles soient liées à la prise de conscience de nos besoins croissants en énergie, à la volonté de se passer de sources fossiles – qui non seulement se raréfient, mais ont un coût environnemental désastreux -, au désir de limiter ses dépenses ou a contrario à l’espoir d’augmenter ses revenus, les raisons de se lancer dans la production d’électricité ne manquent pas. Et il ne faut pas hésiter, car les avancées technologiques comme les assouplissements législatifs favorisent les particuliers s’engageant dans cette démarche. Adieu donc au charbon et au pétrole non-renouvelables ! Place au soleil, à l’eau, au vent tout à la fois naturels, disponibles en abondance et… gratuitement. Ou presque… seul coûte le moyen de convertir l’énergie en électricité. Et malgré les aides fiscales, l’investissement initial à consentir se révèle parfois non négligeable.
Quelle source d’énergie pour créer sa propre électricité ?
L’équipement de base dépend naturellement de la source considérée. Celle-ci s’impose en général par un effet d’aubaine. Ainsi, vous aurez tendance à équiper votre toiture de panneaux photovoltaïques si vous vous trouvez globalement au sud de la Loire et notamment dans les Bouches-du-Rhône ou le Var où l’on enregistre, en moyenne, près de 2 900 heures d’ensoleillement annuel (soit le double de ce qui est ordinairement relevé dans le Finistère). Si vous résidez dans un « gisement » éolien – une zone particulièrement exposée à des vents dominants réguliers, et surtout sur un grand terrain plutôt isolé, vous pouvez songer à l’édification d’une éolienne. Un moulin à rénover ou la proximité d’un cours d’eau à fort débit ou d’une déclivité suffisante pour créer une chute vous incitera à opter pour une installation hydraulique (microcentrale à roue ou turbine).
Quelle quantité d’énergie nécessaire ?
Une maison de 100 m2 occupée par 3 ou 4 personnes et dotée d’une isolation de qualité moyenne consomme 11 500 kWh par an (source : happ-e by Engie). Prenons l’exemple du solaire, la technologie la plus fréquemment sollicitée. Le résultat sera optimal avec des panneaux photovoltaïques placés sur un toit sans ombre orienté plein sud, inclinés à 30° par rapport à l’horizontale, le tout dans une température ambiante de 25° C. Il faut environ 8 panneaux soit 14 m2 pour obtenir 3 kWc (le watt-crête ou Wc est l’unité de mesure de puissance maximale débitée par un panneau dans les conditions d’éclairement optimal) ; 25 panneaux (45 m2) donnent 9 kWc. Selon votre situation géographique et votre exposition, 1 kWc produisant annuellement 900 à 1 400 kWh, cet équipement fournira donc entre 8 100 et 12 000 kWh – de quoi être autosuffisant.
Quel seuil de rentabilité ?
En photovoltaïque, s’il faut compter entre 2 000 et 3 000 € par kWc (matériel, main-d’œuvre et raccordements inclus), une aide d’État est allouée pour l’autoconsommation exclusive (de 80 à 380 €/kWc). Vous pouvez sinon revendre toute ou une partie de votre production (de 6 à 10 c€/kWh) en souscrivant un contrat d’obligation d’achat d’une durée de 1 à 20 ans selon le fournisseur/distributeur d’énergie (EDF, Enercoop, ekWateur etc.). Attention : si les montants d’acquisition sont fixés par l’État et évoluent chaque trimestre, le rachat n’est pratiqué qu’au tarif en vigueur au moment de la signature du contrat !
Avec une éolienne horizontale délivrant jusqu’à 20 kWh et dont la hauteur peut aller de 8 à 20 m, la facture sera entre 10 000 et… 50 000 €, sans crédit d’impôt (il a été supprimé en 2016) mais avec d’autres aides de l’ADEME, du FACE ou de votre commune. La revente de la production se fait ici à un prix dégressif avec les années.
Si l’on part de zéro, le prix d’une microcentrale hydraulique est estimé entre 2 000 à 10 000 €/kW ; il ne devient viable que pour une maison déjà équipée d’un système à restaurer (moulin doté d’une roue, etc.) et avec l’octroi du crédit d’impôt pour la transition énergétique. Dans tous les cas, il ne faut pas espérer amortir son investissement avant 20 ans… Notez toutefois que la combinaison éolien/photovoltaïque présente une jolie complémentarité.
Quelles précautions et/ou obligations légales ?
Le recours à un spécialiste s’avère en l’espèce crucial, car bien entendu, chaque dispositif se plie à des exigences spécifiques. Dans le cas du photovoltaïque, outre l’expertise de la pose, la connaissance du cadre fiscal est indispensable : pour obtenir des aides financières auprès des bons guichets locaux ou d’État, mais aussi pour bien déclarer les bénéfices tirés de la vente d’électricité. Celle-ci est en effet imposable à I’IR en bénéfices industriels et commerciaux (BIC) si votre installation est supérieure à 3 kWc. Pour l’éolien, les contraintes concernent l’obtention d’un permis de construire pour les mâts de plus de 12 m, l’accord du voisinage si la proximité est grande (risque de nuisance visuelle ou sonore…), la visite d’entretien annuel des infrastructures (avec location de nacelle si les pales sont en hauteur) et l’imposition pour une revente importante. L’hydraulique, enfin, réclame le plus de patience : il faut en effet effectuer le dépôt d’une demande d’autorisation administrative d’utilisation du cours d’eau (le droit d’eau), puis un permis de construire. L’étude, qui doit établir que votre projet n’a aucun impact sur l’écosystème, peut prendre plusieurs années. Et hélas, tombe parfois… à l’eau ! On a presque intérêt à installer panneaux solaires et éolienne en attendant !
D’autres options étant encore en voie de développement, comme la filière du méthaniseur qui permet à la fois de recycler des déchets organiques en biogaz, et de convertir celui-ci en électricité, le sujet mérite qu’on se tienne régulièrement au courant…